Intervention d’Eric Faidy au Conseil métropolitain du 4 mars 2022.

Dans le ROB (Rapport d’Orientations Budgétaires) présenté par la métropole, qui est la traduction de la PPI, il n’y a peu de surprises.

En revanche, il est vraisemblable que lorsque nous parlerons du budget début avril, des ajustements pourront être apportés. 

Nous avons 6 remarques. 

1) Contrairement à la tendance actuelle de la métropole, le président de la République baisse les impôts depuis 5 ans pour rendre du pouvoir d’achat aux français. Dans notre département, cela représente 700 € rien que pour la taxe d’habitation qui a été supprimée. Si nous prenons l’ensemble des mesures qui ont été prises autour des salaires les plus bas, cela équivaut à un treizième mois de salaire. 

De plus, beaucoup de baisses d’impôts ont été opérées au niveau des entreprises pour leur donner de la compétitivité. La preuve en est par la forte reprise du marché de l’emploi qui donne le taux de chômage actuel le plus bas depuis 15 ans. Nous espérons cependant que cette belle dynamique ne sera pas trop remise en cause par l’évolution du contexte international.

2) Le président de la métropole de Rouen (membre du Parti Socialiste) décide d’exonérer de CFE (Cotisation Foncière des Entreprises) les entreprises qui s’installent ou les entreprises qui développent de l’activité sur son territoire.
Malheureusement, avec la crise ukrainienne, nous pensons que dans les mois voire les années qui viennent, nous aurons bien besoin de continuer à soutenir les ménages et les entreprises. Les augmentations d’impôts que vous avez fait voter lors du précédant Conseil métropolitain, M. Bianchi, sont donc à la fois à contre-courant et à contretemps. 

3) Lors du débat sur la PPI (Programmation Pluriannuelle des Investissements), vous avez justifié le besoin d’augmenter les impôts pour financer des équipements et des infrastructures. Vous nous dites maintenant que la moitié de cette augmentation sera dédiée aux dépenses de fonctionnement…

Nous réitérons donc notre demande de disposer d’une projection pluriannuelle des dépenses de fonctionnement, de façon à connaître la trajectoire sur le fonctionnement et de comprendre comment vous envisagez de financer dans le futur ces hausses importantes de frais de fonctionnement. A ce jour, nous n’avons pas eu de réponse.

4) Nous avions évoqué, lors de la discussion sur la PPI, le risque que les équipes techniques de la métropole soient sursollicitées avec un tel volume de projets. Vous nous aviez répondu qu’il n’y avait aucun problème et que vous aviez besoin de formaliser un plan RH et donc recruter du monde. Cela veut donc bien dire que vous reconnaissez le fait que les équipes de la métropole, bien que compétentes, ne sont pas assez nombreuses pour absorber la réalisation de tous ces projets.

5) Nous avons aussi mentionné le risque du retard et de la dérive budgétaire de tous ces projets (auquel le Vice-Président fait allusion). Nous avions eu l’occasion de parler avec un fournisseur potentiel du chantier de l’Hôtel-Dieu, qui nous a confessé le fait qu’il avait refusé de répondre favorablement au projet puisqu’il sera déficitaire, au vu du cadre imposé. 

Ceci s’est passé bien avant la  reprise de l’inflation et la guerre en Ukraine. Inutile donc de prendre cela comme une excuse. Tout cela fait que le projet prend beaucoup de retard au vu des appels d’offres difficiles à trouver.  

De plus, le jour où nous serons bien obligés d’accepter les prix du marché, cela dépassera le budget initial. Les conséquence de votre sous-estimation des projets au départ et de votre manque de ressources en interne pour piloter ces projets risquent de prendre du retard.

6) Nous rappelons que le remplacement du tram ne figure pas dans cette PPI, malgré le fait qu’il devra probablement être remplacé à l’horizon des 12 ans de cette dernière. Cela coûterait 200 millions d’euros, soit 50 millions d’euros par an sur 4 ans (la dernière période de la PPI entre 2030 et 2033). 

En résumé : le coût des projets sous-estimés, des délais de réalisation qui ne sont pas tenus, un impact sur le fonctionnement qui n’est pas chiffré (ou en tout cas pas partagé avec cette assemblée), des équipes technique sous-dimensionnées pour absorber autant de chantiers en parallèle, une PPI où il manque des projets incontournables et importants (avec le tram comme exemple), une capacité d’emprunt (que mentionne le Vice-Président), qui plafonne… Nous n’échapperons pas à une seconde hausse d’impôts avant la fin de la PPI ! 

La belle histoire que vous nous racontez régulièrement sur le développement, le rayonnement et l’exemplarité de la métropole sera moins belle à l’heure du bilan. 

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