Intervention d’Eric Faidy au Conseil métropolitain du 26 février 2021.
Notre groupe attend beaucoup de ce débat sur le budget qui s’ouvre parce que dans ce rapport d’orientation budgétaire (comme dans le précédent) nous trouvons beaucoup de questions mais finalement assez peu de réponses.
Or le temps presse ! Sans revenir sur tous les chiffres qui sont mentionnés dans ce rapport, (encore une fois extrêmement précis), je voudrais attirer l’attention sur le taux d’autofinancement des investissements qui est 4 fois inférieur à celui des autres métropoles comparables. C’est un facteur assez limitant pour toutes les ambitions que nous pourrions avoir…
Le deuxième point qui attire notre attention et qui nous inquiète est le niveau de la dette.
Elle a augmenté de 50 millions d’euros sur une année : de 327 à plus de 370 millions d’euros. Si nous regardons la période entre les deux ROB (Rapport d’Orientation Budgétaire) de 2019 et de 2020, le niveau d’endettement a augmenté de 10 millions d’euros par mois entre fin septembre et fin décembre. Face à cette situation, nous attendons de savoir quelles sont les priorités et comment allons-nous les financer.
Parlons maintenant du projet du grand stade. Alors que votre homologue le Président de la métropole de Marseille envisage de vendre le stade de Vélodrome et celui de Lyon a fait le choix de faire financer son projet par un groupe d’assurances, qu’allons-nous faire ?
Un autre sujet important qui mériterait débat, c’est la question de la gratuité des transports. On sait aujourd’hui, que si les transports étaient gratuits, ce serait 14 millions d’euros à prendre dans la poche des clermontois. Seulement, il faudrait aller au-delà en matière d’infrastructure et l’addition serait beaucoup plus élevée pour la métropole. Nous demandons donc des orientations claires pour ce sujet-là.
Ensuite, il y a la question des deux BHNS (Bus à Haut Niveau de Service). Alors bien entendu, le réseau a besoin de modernisation. Mais les besoins de mobilité ont été étudiés avant la crise covid, et nous savons tous qu’avec la démocratisation du télétravail et l’installation de la flexibilité des horaires, ces besoins ont et vont changer. Les pics de fréquentation ne vont plus être les mêmes !
Nous demandons donc que ce sujet là soit réétudié, car nous ne voulons pas qu’un projet si ambitieux en termes financiers soit basé sur des études obsolètes.
Rappelons que ce projet demande plus de 300 millions d’euros d’investissements, dont 43 pour gagner 3 minutes sur l’avenue de Royat et 30 pour acheminer le bus jusqu’à l’aéroport – alors qu’une voie de chemin de fer existe déjà – En parlant des chemins de fer, beaucoup de voies déjà existantes dans la métropole de Clermont-Ferrand ne demandent qu’à être revalorisées. Le train est un moyen de transport fiable, rapide et économique !
Tous les projets que nous évoquons vont manifestement vers un doublement (au moins) de la dette actuelle de la métropole. Or, nous avons un autofinancement qui est 4 fois moins élevé que la moyenne des métropoles comparables que vous avez choisies pour illustrer les chiffres de ce ROB.
Autre point que nous souhaitons aborder : vous nous demandez de voter un budget alors que nous sommes dans le brouillard.
Toutes les questions qui se posent actuellement, nous engagent pour plusieurs années, mais elles n’ont pas de réponse…
Anne-Laure Stanislas nous avait répondu en disant “nous allons travailler sur la PPI (Programmation Pluriannuelle des Investissements), sur le pacte fiscal, Nous verrons tout cela après…”.
Voter un budget 2021 sans avoir de PPI, c’est mettre la charrue avant les bœufs !
Encore un autre point : celui de la crise que nous traversons. C’est la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale !
Il nous faudrait donc un cap clair, un budget offensif, des dépenses ciblées sur les enjeux de sortie de crise. Tout ce que vous nous proposez à travers ce ROB, c’est d’aller en continu comme avant et voir l’an prochain, en prenant après l’été le temps de discuter de tout cela. Cela nous inquiète et nous attendons beaucoup de ce débat pour éclairer toutes ces questions qui méritent des réponses avant que nous passions au vote du budget lors de la prochaine séance.
N’oublions pas non plus le plan de relance de l’Etat ! Il a manifestement échappé à Jean-Christophe Cervantes (adjoint à la planification et à la politique foncière) que 100 milliards d’euros étaient dédiés à ce plan historique pour relancer le pays en sortie de crise et moderniser notre pays. Vous passez finalement très vite sur ce point alors que nous aurions souhaité savoir comment la métropole souhaite mobiliser le maximum des fonds rendus disponibles par ce plan de relance (3,7 milliards au niveau national).
Vous en avez utilisé une dizaine de millions sur les projets d’isolation de bâtiment public, mais ce n’est évidemment pas suffisant !
En conclusion, nous ne voyons pas de chiffres rassurants dans ce ROB sur la gestion financière de la métropole. Pas de marge de manœuvre, pas de vision 2030, pas de PPI, pas de vision stratégique à plus long terme, pas de remise en cause face à la crise covid, pas de décision !
Ce n’est pas le budget offensif dont la métropole aurait besoin en sortie de crise. Vous proposez d’attendre. Voilà un budget attentiste qui ne dessine aucun choix, et encore une fois j’espère vraiment que le débat que nous avons maintenant va nous éclairer sur ces points là.