Intervention d’Alexis Blondeau au Conseil municipal de Clermont-Ferrand le 23 juin 2023.
Ce rapport doit nous présenter ce que la ville fait en matière de transition énergétique et écologique.
A sa lecture, le conseil est toujours le même : l’urgence climatique n’est toujours pas la priorité de cette municipalité, qui ne s’est avancée qu’en faisant des petits pas à grands coups de communication. Vous n’allez pas assez loin et vous ne répondez pas aux attentes des clermontoises et des clermontois.
Les fortes chaleurs reviennent, et 80 % de nos concitoyens considèrent subir des dégradations de la situation face aux périodes de chaleur. Les clermontoises et clermontois cherchent toujours l’ombre et de la fraîcheur face à ce bitume qui les étouffe.
Dans le chapitre nature en ville, il n’y a rien de nouveau par rapport à l’an passé. Nous ne voyons aucun implant, aucune stratégie pour lutter contre les îlots de chaleur dans notre ville. Rien ne changera cet été malheureusement, ou sinon vous nous inviterez à nous rendre dans des îlots de fraîcheur, listés dans “l’open data” (données ouvertes à tous) qui mentionnent des lieux climatisés.
Toujours les mêmes erreurs avec par exemple les cours d’école végétalisées. On vous l’a dit l’année dernière et nous sommes heureux de le lire cette année dans le rapport d’évaluation : elles sont fermées quand on connaît les fortes chaleurs alors qu’elles pourraient être des lieux de refuge. Pour contrebalancer, vous avez tout de même trouvé une méthode : confondre ville et métropole. Quand il s’agit des impôts, vous savez très bien faire la différence, mais ce n’est plus le cas en matière d’écologie.
Prenons InspiRe et les arbres dans le chapitre mobilité. Sur le site de la métropole, on nous annonce 200 arbres coupés, dans le rapport, on double avec 400 arbres coupés. En revanche, on nous promet 1500 nouveaux arbres tout neufs et par un coup de baguette magique dont vous avez le secret, on nous annonce que le nombre d’arbres va doubler grâce à InspiRe. On ne sait pas de combien on part, à combien on va arriver… et surtout, ces chiffres concernent la métropole !
Cela fait 3 ans que nous vous demandons les chiffres pour Clermont-Ferrand. Comment se fait-il qu’à Aubière, Paris, Le Havre, Toulouse, Montpellier, on arrive à savoir le nombre d’arbres plantés par an et par habitant, alors qu’à Clermont-Ferrand, personne ne peut nous répondre ? Cela devrait être la première page d’un tel rapport.
Toujours dans le chapitre mobilités, il y a un grand absent pour l’année 2022 : la gratuité des transports en commun le week-end. Nous avons pu le tester sur l’année complète mais il n’y a aucun bilan de votre part. Nous avons voté pour l’expérimentation et qui dit expérimentation, dit observer puis valider ou invalider. Ce que nous observons c’est que depuis la gratuité des transports en commun le week-end, il a été décidé d’une augmentation des tarifs d’abonnement : un pas en avant et deux pas en arrière. Les abonnés sont les grands perdants de votre demi-mesure. Ils prenaient déjà les transports en commun, par confort ou pour l’effort avant la gratuité le week-end, mais depuis la gratuité, ils payent encore plus.
Rappelons que depuis le début, vous ne les avez pas considéré dans votre mesure puisque lors de la gratuité des transports le week-end, ils ont continué de payer le même prix. Finalement, les abonnés ont toujours payé les transports en commun, même le week-end.
Sur le thème de l’innovation démocratique, et plus précisément concernant le budget participatif. Il n’est pas question ici de nous opposer aux nouvelles méthodes de processus démocratiques mais justement d’en faire le bilan afin d’en tirer les enseignements et les conséquences. J’en profite pour remercier et saluer les agents de la DIP (Direction de l’Innovation et de la Participation) qui viennent d’achever la dernière édition du budget participatif et féliciter l’ensemble des lauréats.
Concernant notre interrogation, elle est constante et cette année encore, les chiffres ne nous rassurent pas. Le nombre de propositions de projet s’effondre. Un petit rappel :
- Sur la première édition, il y avait 810 propositions, pour 78 recevables.
- Sur la deuxième édition, 408 propositions pour 58
- Sur la troisième édition, 243 propositions pour 34 recevables.
Vous le relevez, le pourcentage de projets recevables est plus important que les années précédentes mais comme le nombre de propositions chute, personne n’est surpris. Nous avons donc beaucoup moins de projets mais des projets certainement aussi plus qualitatifs. Nous devons donc être modestes dans la satisfaction. Les clermontoises et les clermontois participent mieux mais beaucoup moins.
Pour preuve, cette année à Clermont Nord, seulement 3 projets ont été retenus sur 3 possibles. On pourrait se demander à quoi a servi la phase de vote. La question est la suivante : “êtes-vous en capacité d’inverser la tendance sur le nombre de projets déposés et de garder un taux de recevabilité élevé” ? Et je crois que je le dis tous les ans, mais entre l’ergonomie du site, la création de compte, la confirmation de mail, la reconnexion, le vote… beaucoup se découragent dans le processus et je pense sincèrement que la démarche peut être simplifiée.
Enfin, concernant la stratégie carbone de la collectivité, nous avons récemment débattu du bilan des émissions des gaz à effet de serre de la ville. On ne va pas refaire le débat, mais nous insistons sur un point que nous jugeons essentiel. La rénovation du bâtiment le plus énergivore de la ville et certainement de la métropole : la Maison des sports.
Dans l’ensemble, la gestion patrimoniale de la ville représente 50% des émissions. Parmi ce pourcentage se trouve la Maison des sports consomme à l’année autant que 726 foyers, soit l’équivalent de la consommation de 1500 personnes dans leur domicile. Ce bâtiment consomme aussi autant que le complexe sportif des Cézeaux, la maison du peuple, le gymnase Thévenet, l’opéra et la mairie réunis. Vous le savez, je parle évidemment de la Maison des Sports.
Gouverner c’est choisir, alors faisons de ce bâtiment extrêmement énergivore une priorité ! C’est une véritable passoire thermique à laquelle nous devons nous attaquer. Depuis 2017, vous en faites mention dans votre rapport, avec des termes comme “on s’engage”, “c’est à l’étude” etc. 6 ans après, nous attendons les actes face à la plus importante passoire thermique de la ville.
Pour refaire le lien avec le rapport d’évaluation : dans l’enquête de la perception des actions de la transition énergétique et écologique, 70% des habitants estiment que l’économie d’énergie dans les bâtiments est un critère fort de la transition. Bientôt 10 ans de mandat, il serait peut-être temps d’être à l’écoute des habitants !