Intervention d’Eric Faidy au Conseil municipal de Clermont-Ferrand le 18 novembre 2022.
Au niveau du ROB (Rapport d’Orientation Budgétaire), nous avons 5 remarques.
La première, c’est que sur 37 pages d’un rapport d’orientation budgétaire de la ville de Clermont-Ferrand, nous en avons 33 qui parlent du contexte international. Orientations plutôt générales et imprécises, alors que dans un mois vous nous présenterez le budget. Nous nous attendions donc à beaucoup plus de clarté et d’explications détaillées.
Ensuite, vous utilisez le fait que la loi de finances est encore en cours de discussion au parlement pour jeter le doute sur les intentions du gouvernement. Ce que notre groupe voudrait dire là-dessus, c’est que vous nous faites le même couplet que lorsque la taxe d’habitation devait être supprimée. Elle a été supprimée et ensuite remboursée à l’Euro près (et même un petit peu plus). Ne pleurons donc pas avant d’avoir mal.
Vous prétendiez aussi à l’époque du covid que l’Etat n’allait pas faire son travail. Pourtant, il a été au rendez-vous.
Le fonds vert représente 1 milliard et demi d’euros. Ce n’est pas rien ! Attendons là aussi de voir comment ils seront utilisés. Probablement pas intégralement en 2023, mais ne minimisons pas cela. Enfin, la DGF (Dotation globale de Fonctionnement) augmente pour la première fois depuis 13 ans.
Quand on voit la hausse du prix de l’énergie, il y a encore des discussions en cours et on peut espérer que l’État apportera là aussi sa contribution. Il y a donc beaucoup de flou autour de cette loi de finance.
Lors des travaux en commissions, nous avons fait une proposition très concrète, celle de caler notre calendrier budgétaire (le ROB puis le budget) sur le calendrier de la loi de finance. Nous retirons ainsi tout le flou causé par le fait que la loi de finance n’est pas encore arrêtée.
Troisième remarque : dans le budget rectificatif 2022, 3 millions d’euros d’études disparaissent (dont un million relatif au quartier Saint-Jean), cela représente environ 30 millions d’euros d’investissement repoussés, décalés ou annulés. Nous aimerions bien avoir quelques éclaircissements sur ce point. Est-ce qu’il s’agit de transferts de dépenses d’investissement de la ville vers la métropole ? Est-ce un report ou une suppression ? De quel projet parle-t-on ? Quels projets vont être impactés ?
Quatrièmement, il y a une dissonance entre le rapport de la ville en transition et le budget rectificatif. Dans le ROB comme dans le rapport, on parle de décarbonation et du plan de sobriété. Lorsque nous lisons le budget modificatif, nous pouvons remarquer que l’on décale 100 000 € qui étaient prévus en 2022 pour remplacer le fioul. Cela veut dire qu’on décale d’au moins un an leur remplacement. Pourquoi ? Il est étonnant que nos amis d’Europe Ecologie les Verts ne se soient pas indignés de cela.
Prenons un autre exemple. Vous nous dites qu’il faut “prioriser les investissements accélérateurs de transition énergétique”. Lorsque nous lisons le budget modificatif, nous voyons à nouveau 300 000 € d’études (et donc potentiellement 3 millions de travaux) sur la rénovation thermique qui glissent à 2023.
A cela s’ajoute encore un report des travaux de modernisation de l’unité de préparation culinaire, et de surcroît, un redimensionnement (de 1,9 million d’euros à 800 000 €).
Un dernier exemple. Dans le ROB, la priorité est exprimée sur le volet isolation thermique et l’efficacité énergétique. Pourtant, la remise à niveau du château des Vergnes est repoussée. Encore 3 millions d’euros qui glissent ou qui disparaissent. Ni le ROB, ni le budget rectificatif, ni le rapport d’état de la ville en transition ne prévoit de travaux sur la passoire thermique qu’est la Maison des Sports.
Cinquième et dernier commentaire. Dans le ROB, il y a une hausse des dépenses de personnel. Vous devriez remercier l’Etat qui a augmenté les salaires des fonctionnaires de 3,5 %. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu cela.
Malheureusement, cette hausse générale des salaires n’a pas été appliquée par la ville de Clermont-Ferrand à toutes les catégories de personnel, et en particulier aux agents de la Police municipale. Non seulement, ils ne sont pas assez nombreux, mais cette stagnation de leurs revenus illustre le fait qu’ils ne sont pas assez reconnus dans leur rôle si important pour notre ville.
Toujours sur la masse salariale, vous estimez l’impact de son augmentation à 2,6 millions d’euros en année pleine. Comparons le par rapport au coût de l’absentéisme : 12,6 millions en 2019
La ville de Clermont-Ferrand admet un absentéisme de 16 % alors que la moyenne des collectivités est de 10 %. Cela soulève des questions et des inquiétudes sur la qualité de vie au travail des agents (que nous avions développé lors du dernier Conseil municipal)…
En simplifiant, si nous étions dans la moyenne d’absentéisme nationale (10 %), nous aurions potentiellement 4 millions d’euros d’économies et cela contrebalancerait les 2,6 millions d’euros d’augmentation de la masse salariale. Il est donc très important de s’emparer de cette question, à la fois (et d’abord) pour la qualité de vie au travail des personnels de la mairie, mais aussi contribuer à la recherche d’économies au niveau du budget.