Intervention d’Alexis Blondeau au Conseil municipal du 15 Avril 2022.
Depuis un mois, la ville nous présente son aide au peuple ukrainien, nous la remercions pour cela ainsi que pour la transparence dont elle a fait preuve aux deux derniers conseils d’administration du CCAS (Centre Communal d’Actions Sociales).
Les deux délibérations d’aujourd’hui proposent au total une aide de 22 000 € au peuple ukrainien divisé entre deux entités : 12 000 € pour l’UNICEF et 10 000 € pour le FACECO (Fonds d’action extérieure des collectivités territoriales) dans le cadre du volet France-Ukraine. Ce cadre a été activé par le gouvernement afin de fédérer les initiatives et l’élan de solidarité exceptionnelle avec le peuple ukrainien si durement éprouvé par l’invasion russe.
Nous voterons évidemment “pour” ces deux délibérations sans aucune hésitation, mais il nous semble important de faire quelques remarques :
Nous voulons tout d’abord aborder notre jumelage avec la ville de Gomel en Biélorussie.
Ce dernier datant de 1977 à l’initiative de Roger Quilliot (Maire de Clermont-Ferrand de 1973 à 1997) avait pris une tournure toute particulière au lendemain de Tchernobyl en étant l’une des premières villes touchées par le nuage radioactif. Le CHU et la faculté de médecine de Clermont-Ferrand avaient dépêché des spécialistes du cancer de la thyroïde pour soigner les enfants et surtout pour former des médecins.
Des coopérations se sont mises en place dans le domaine médical au fil des années mais également dans le milieu étudiant avec l’IUP management où des étudiants Bélarus peuvent être accueillis plusieurs mois.
Il y a également l’école francophone Blaise Pascal à Gomel où les élèves viennent chaque année suivre un stage linguistique dans nos lycées clermontois Jeanne d’Arc et Blaise Pascal. Des séjours de vacances sont organisés les étés pour les enfants de Gomel dans notre région.
Mais depuis l’invasion russe, ce jumelage a été suspendu à la demande du ministère des Affaires étrangères. Suspendre ce jumelage, c’est condamner l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine et ses amis dont la Biélorussie.
Évidemment, ni le peuple russe, ni la jeunesse de Gomel ne sont responsables de la guerre mais tant que les responsables russes et Biélorusses ne peuvent s’opposer à ce qui se passe en Ukraine, il est important d’un point de vue symbolique de montrer que la rupture diplomatique peut également venir des territoires !
Nous regrettons que cette information ne soit pas passée en Conseil municipal comme dans d’autres villes et qu’aucune communication officielle n’ait été faite. Nous ne pouvons pas ignorer non plus le calendrier politique de notre pays et le fait que nous sommes dans un entre deux tours : nous ne souhaitons pas que ces deux délibérations deviennent caduques dans une dizaine de jours.
Que chacun prenne bien conscience qu’une victoire de l’extrême droite bouleverserait les alliances et que la France se rangerait derrière Vladimir Poutine (voire même Bachar el-Assad si on en croit son programme), elle qui s’est félicitée de la réélection de Viktor Orbán qui qualifie le président ukrainien Zelensky d’adversaire.
Nous savons tous que la candidate d’extrême droite se finance à l’étranger et rembourse actuellement des prêts russes et hongrois après négociation avec Vladimir Poutine et Viktor Orbán en personne.
Nous ne sommes pas la première assemblée à voter des aides pour le peuple ukrainien : les élus de la candidate de l’extrême droite votent constamment contre.
Qui imagine la France interdite de séjour en Ukraine comme peut l’être la candidate de l’extrême droite parce qu’elle a approuvé l’annexion de la Crimée ?
Très récemment, un ancien président de la République trouvait insuffisant de dire “pas une seule voix pour Madame Le Pen” et nous devons avouer que nous nous interrogeons également.
Nous ne doutons pas de l’esprit de responsabilité de chacun d’entre vous.